Akira Yoshizawa

Akira Yoshizawa a transformé l'origami en une discipline artistique à part entière. Né en 1911 dans la préfecture de Tochigi, au Japon, il commence à travailler dans une usine à Tokyo dès l’âge de treize ans. Il redécouvre l’origami en enseignant la géométrie à ses collègues, en l’utilisant pour illustrer des principes abstraits de façon visuelle. En 1937, il quitte son emploi et choisit de se consacrer exclusivement à cet art, malgré des années difficiles et sans revenu stable. Il pliait alors dans des conditions très précaires, utilisant parfois du papier journal pour expérimenter ses modèles.

Pendant la guerre, Akira Yoshizawa sert dans une unité médicale à Hong Kong. Il plie des animaux et des personnages pour les blessés hospitalisés, espérant leur apporter un peu de réconfort. Après le conflit, il poursuit son travail dans l’ombre, expérimentant sans relâche de nouvelles techniques. Il vit très modestement, sans chercher à vendre ses créations. Ses modèles restent rarement fixés, car il préfère transmettre un geste ou une idée plutôt qu’un produit fini. Sa démarche repose sur l’éphémère, avec l’idée que chaque pli reflète un état d’âme ou une intention précise.

En 1954, il publie Atarashii Origami Geijutsu, qui propose un système de notation visuelle inédit. Ce langage graphique, mis au point avec Samuel Randlett, devient la base de la plupart des manuels d’origami modernes. La même année, il fonde le Centre international d’origami, qui encourage les échanges entre artistes. En 1955, ses œuvres sont exposées au musée Stedelijk d’Amsterdam, ce qui lui vaut une reconnaissance internationale. Il donne aussi plusieurs démonstrations publiques qui impressionnent les visiteurs par leur minutie et leur fluidité.

La technique du pliage humide, mise au point par Akira Yoshizawa, permet de sculpter des formes plus souples et expressives. L’humidité du papier facilite les courbes et adoucit les lignes rigides. Cette méthode transforme la perception de cet art, longtemps perçue comme une activité rigide ou enfantine, bien que des figures comme la grue en origami aient traversé les siècles avec une forte charge symbolique. À travers elle, il introduit une part d’émotion et de mouvement dans une tradition restée très codifiée. Son influence dépasse l’art : des ingénieurs, designers et chercheurs se sont intéressés à ses procédés pour créer des structures pliables.

Plus de 50 000 modèles auraient été créés au cours de sa vie, bien que seulement une petite partie ait été publiée. Akira Yoshizawa ne revendiquait pas l’exclusivité de ses œuvres. En 1983, il reçoit l’Ordre du Soleil levant des mains de l’empereur. Il meurt en 2005, le jour de ses 94 ans, laissant derrière lui un art renouvelé et transmis avec patience. Son nom reste attaché à un savoir-faire transmis avec humilité, en dehors des circuits commerciaux traditionnels.

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